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Anne Valérie Giannoli

Garder son équilibre par temps instable : les 4 piliers d'un esprit sain



Comment abordez-vous cette rentrée ?

Vous sentez vous plutôt inquiet, le ventre noué par les incertitudes, les risques et les choix avec lesquels nous devons composer ?

Etes-vous plutôt du coté des optimistes, confiant que vous saurez vous adapter au gré des évolutions de la situation ?  

Faites-vous comme si de rien n'était, en attendant que cela passe ? 


Nous ne sommes pas tous égaux devant le stress et les difficultés de la vie. Avez vous remarqué qu'à circonstances de vie similaires, certaines personnes vont traverser les remous avec plus d'aisance et de ressources que d'autres ? Pourquoi ? Personne n'étant tombé dans une marmite de potion anti-stress étant petit, comment expliquer ces différences ? Qu'est-ce qui peut nous aider à trouver et garder notre équilibre au sein d'un quotidien souvent éprouvant ?


La science du bonheur

Pendant longtemps, les scientifiques ont surtout étudié la dimension «négative» de nos états d’âmes: les dysfonctionnements, les déséquilibres, les maladies. Ils cherchaient à comprendre pourquoi certains étaient sensibles au stress, pourquoi d’autres avaient tendance à être anxieux ou déprimés.

A la fin du 20eme siècle, d’autres courants de recherches se sont développés, notamment avec la psychologie positive, avec le défi d’étudier l’autre versant, le « positif ». Quelles composantes, quels traits de caractère, quels comportements permettent à l’être humain de se sentir heureux, de s’épanouir ? Serait-il possible de les cultiver, de les entrainer pour favoriser le mieux-être ? La science du bonheur en quelque sorte.


Les progrès des neurosciences ont notamment mis en évidence une dimension particulière du fonctionnement de notre cerveau : la neuro-plasticité – cette capacité qu’a notre cerveau à se modeler, à se transformer, tant dans sa structure que dans son fonctionnement, au gré des expériences que nous vivons.

Et à partir de cette découverte, la compréhension que nous pouvons, délibérément, par la façon dont nous orientons nos pensées ou nos comportements, avoir une influence sur notre cerveau.

Voilà que la science confirmait ce que les pratiquants de méditation avaient pu expérimenter de longue date .


"Servons nous de notre esprit pour changer notre cerveau – qui changera notre esprit, en mieux"


C'est la formule du célèbre neuro-psychologue Rick Hanson, Ph.D. enseignant à l'université de Berkeley (USA) et auteur de nombreux livres, dont « le Cerveau de Boudha : bonheur amour et sagesse au temps des neurosciences».

Vous rendez vous compte ? Pour ceux d’entre nous qui ne sont pas naturellement sereins, optimistes ou résilients, quel soulagement ! Nous avons la possibilité d’entrainer notre esprit à être plus heureux et donc le pouvoir d’influencer, dans une certaine mesure, comment nous nous sentons au quotidien.



Les 4 piliers d’un esprit sain

Alors, quelles composantes pouvons nous entrainer pour nous sentir plus heureux, pour devenir plus résilient ?

En voici 4 – les 4 piliers d’un esprit sain, tels que les nomme Rick Hanson.


1. Être présent à son expérience

Le 1er pilier, c’est notre capacité à être conscient de ce que nous sommes en train de vivre, à « être présent à notre expérience ». Vous avez certainement remarqué que très souvent notre tête est « ailleurs », pas en phase avec ce que nous sommes en train de vivre ou de faire : perdu dans des souvenirs, des ruminations, des anticipations, des listes de choses à faire, des envies, des scénarios etc…Or, les recherches le montrent : il existe une corrélation forte entre l’attention portée à ce que nous sommes en train de faire et le sentiment de satisfaction. En d’autres termes, la distraction mentale, l’esprit qui vagabonde, ont tendance à nous rendre malheureux. Et ce d'autant plus que nous sommes disposés aux ruminations ou aux anticipations anxieuses.  

Être présent à son expérience est aussi une condition indispensable à la « méta-cognition » : savoir que ce que notre esprit fait, ce qu’il pense, dans le moment qui est vécu. La méta-cognition est fondamentale dans un processus de transformation de notre esprit : si nous ne sommes pas conscient de nos pensées, de nos jugements, de nos croyances … , comment espérer les modifier un jour ?

2. Se sentir en lien, connecté

Le 2eme pilier de notre bien-être se rapporte à notre sentiment de connexion, de lien.

La période de confinement passée vous l’a peut-être révélé ou confirmé : on peut être hyper connecté et se sentir seul – on peut aussi être seul et se sentir relié. Ce qui compte, c’est d’apprécier et se sentir apprécié, d’éprouver de la bienveillance, de la compassion, de ressentir de la gratitude. Autant d’ingrédients qui émergent de relations harmonieuses et qui les nourrissent.

Cela peut nous paraître surprenant mais ces ressentis, lorsqu’ils ne sont pas spontanément présents dans notre vie, peuvent être intentionnellement entrainés pour les rendre plus vivants dans notre expérience quotidienne (avec des pratiques de l'amour bienveillant ou de compassion par exemple).

3. Laisser de coté l’Auto-critique

Le 3ème pilier concerne notre lien à nous-même et en particulier au jugement que nous portons sur nous-même.

Vous connaissez sans doute cette petite voix intérieure qui juge, commente, compare, note chacun de nos faits. Une voix qui, sous prétexte de nous améliorer nourrit la critique et entretient les croyances négatives sur nous-même. « Je devrais être ainsi, je devrais savoir faire cela, je ne suis pas à la hauteur d’un tel, je ne sers à rien …. » Ce dialogue intérieur que nous entretenons avec nous-même peut être puissamment nocif, d’autant que souvent nous y sommes tellement habitués que nous ne le remarquons même plus.

En prendre conscience, repérer ces jugements négatifs, ces processus d’auto-critique, c’est leur enlever leur pouvoir de nuisance et laisser place libre à une attitude confiante et soutenante, permettant l'épanouissement.

4. Avoir une raison d’être

Le dernier pilier d’un esprit sain, c’est d’avoir une raison d’être, de donner un sens et du sens à sa vie.

Des recherches menées aux US montrent que les personnes de 60 ans qui ont une faible raison d’être ont deux fois plus de chance de mourir dans les 5 ans comparé à celles qui ont une raison d’être plus forte. Une nouvelle illustration du pouvoir de l'esprit sur le bien-être du corps.

Savoir ce qui fait sens pour soi, agir selon ses valeurs, dans le respect de ce qui compte pour soi : voilà qui peut nous aider à naviguer dans la vie avec plus d’aisance et à accueillir l'adversité sans perdre pied.


Pas de transformation sans entrainement de l’esprit !

Tout cela, vous le savez peut être déjà … mais, et c’est là tout l’enjeu, il ne suffit pas de le savoir pour réussir à l’intégrer dans sa vie.

Les neuro-sciences nous ont aussi apporté un éclairage sur les modalités d’apprentissage. Un premier mode d'apprentissage est basé sur la « connaissance déclarative » : je sais ce qui est bon pour moi, je peux le décrire. Mais pour le mettre en œuvre dans la vie, il est nécessaire de faire appel à une autre forme d’apprentissage : l’apprentissage procédural – l’apprentissage par l’expérience. Une expérience et un entrainement qui sont indispensables pour permettre au cerveau d’encoder puis de renforcer ce qui a été appris jusqu’à devenir le mode de fonctionnement dominant.

La combinaison du savoir et de l’expérience permet alors une véritable transformation.


Pratiquer la méditation, c'est entrainer son esprit à être heureux  

Dès lors, il n'est pas étonnant que la pratique de la méditation constitue une voie vers plus de bonheur et de résilience. Être présent à son expérience instant après instant, développer les qualités d'un coeur ouvert et aimant, observer le mouvement et le contenu des pensées sans s'y laisser prendre, reconnaître et cultiver ce qui fait sens pour chacun.... Si chaque jour, même pour quelques minutes,  nous nous entrainons à faire vivre ces attitudes et compétences au coeur même de notre pratique, nous renforçons les éléments constitutifs et essentiels à notre mieux-être.    


Plus facile à dire qu'à faire ? Oui, on a beau savoir ce qui nous fait du bien, il est parfois difficile de l'intégrer avec régularité dans son quotidien.

Si vous ressentez l'envie ou le besoin de vous faire accompagner pour instaurer une routine méditation au quotidien, pourquoi ne pas participer au prochain cycle MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction - programme en 8 semaines) ?


En ces temps d'incertitude et de crises,les paroles de Jon Kabat-Zinn prennent plus que jamais leur sens " Apprenez à tisser votre parachute avant d'avoir à sauter avec !"




Vous êtes curieux de ces études scientifiques ? Retrouvez les dans "Le cerveau de bouddha : bonheur amour et sagesse au temps des neurosciences"  de Rick Hanson ed. Pocket   

Et pour en savoir plus sur les effets de la méditation sur le cerveau : "La méditation c'est bon pour le cerveau" du Dr Steven Laureys. Ed Odile Jacob. 




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